Une feuille en lévitation
En terminant la « maison des voyages », les clients, ravis de cette dernière, ont demandé à ce que je dessine une table qui irait dans ce salon si vaste. La maison était très vitrée sur le paysage, et la table devait aller dans une pièce orthogonale, très contemporaine.
Ainsi, je souhaitais créer quelque chose de très doux, un plateau en lévitation qui reprendrait des formes dynamiques, sans jamais casser la course de la lumière. Surfeur dans l’âme, les courbes d’une planche de surf, aux rails doux me revenaient systématiquement en tête. Pourtant, pour cette maison ouverte sur la nature, je souhaitais que cette dernière pénètre littéralement l’intérieur de l’espace domestique.
J’ai donc imaginé une table à la croisée entre une feuille et une planche de surf. D’une feuille, elle reprenait les contours doux, les ramifications depuis la tige, le côté irrégulier des assemblages de bois.
D’une planche elle reprenait les courbes incessantes, les lignes toujours en tension. Sa « latte » centrale de wengé (bois africain) reprenait les codes esthétiques des longboards (planches de surf) californiens des années 1960, âge d’or du surf alors idolâtré par Hollywood.
Son plateau est fait de noyer massif, issu de nos forêts de Dordogne. Son assemblage en largeurs irrégulières diagonales souligne la beauté du matériau dans la pluralité de son aspect.
Le pied, lui aussi en wengé est « griffé ». Très orthogonal, il casse la lumière pour apparaître comme mat et révéler les courbes du plateau.
Un vaste travail d’artisanat a été fait pour réussir à proposer un ensemble forcément dissymétrique et donner vie à cet élément « en lévitation ». Histoire humaine du travail entre l’architecte et l’artisan qui, forts de discussions interminables trouvent comment réaliser un rêve issu d’un croquis et de rêveries océanes.
« Objet » elle est imaginée dans le « tout » de la maison et à ces tablées d’amis où l’on refait le monde.
Crédit Photos : CLEMENT PHILIPPON










